Jean d’Aven (à l’état civil Adolphe Gysin), est né à Paris, le 3 janvier 1880. Fils du directeur d’une importante maison d’exportation, il fit, après de brillantes études en France, de longs et fructueux séjours dans les universités anglaises et allemandes, se préparant ainsi, par une connaissance approfondie des langues étrangères, à embrasser la profession de son père.
La mobilisation générale d’août 1914 le trouve au Japon; il rentre immédiatement en France et rejoint au front le 14′ Régiment territorial d’Infanterie. Evacué malade au dépôt de Landerneau, il y écrit « Les bleus en bleu », recueil de poésies et de chansons: il fait chanter les jeunes recrues, exalte leur patriotisme et les prépare à accomplir leur devoir de soldat.
Affecté au 328 eme Régiment d’Infanterie, il retourne au front en novembre 1915, avec le grade de sergent. Il reçoit de ses chefs la mission d’écrire, au bruit de la bataille, l’histoire épique de la grande guerre et compose les œuvres suivantes qui connurent un gros succès dans l’armée :
Les Prières de la guerre — La bataille de la Marne — Feuilles d’épopée — La Relève — Verdun — Le 328 » à Tahure — Le 147e à Berny — Le 67e dans la Somme.
En 1919, avant sa démobilisation, il est sergent au 6e’ Régiment d’Infanterie, où il est l’objet de l’ordre du régiment n° 478 :
« Est nommé soldat honoraire au 6e Régiment le poète Adolphe Gysin, auteur des « Feuilles d’épopée ». Le souffle qui a inspiré sa très belle œuvre, ce souffle qu’il a fait passer dans nos âmes, sur cette terre d’Alsace, dans la soirée du 22 mars 1919, le sacre frère de mes poilus, de mes braves de Charleroi, de Mont-Origny-du chemin des Dames, de Verdun, de Thjescourt, du canal de la Sambre. Il comptera à la 1re escouade de la 1ere Compagnie; le soldat de 1re classe le plus ancien répondra à l’appel pour Gysin : « Présent pour lui ». Alternach, le 22 mars 1919. Signé : le Colonel Boud’hors. »
Démobilisé, il reprend le commerce d’exportation; parcourant l’Empire français et les grands pays du monde, il y fait apprécier, par son talent d’élocution et par sa parole persuasive, les qualités des produits français les plus divers, ouvrant ainsi de grands débouchés à notre industrie.
Ln 1928. Il quitte définitivement les affaires pour se consacrer entièrement à sa véritable vocation : la poésie. Dans les grandes villes de la Chine, du Japon, de l’Inde, des Etats-Unis, du Canada, i. donne de brillantes conférences littéraires (en compagnie de Lucienne Defrenne, couronnée à New-York Reine de la chanson française et qui devait devenir son épouse), des récitals de chansons Puisées dans le meilleur de noire folklore, depuis le moyen-âge jusqu’à l’époque contemporaine. Spectacle inoubliable, jamais la soirée île s’achève sans que l’auditoire, enthousiasmé, ne reprenne en chœur avec les artistes une des chansons entendues.
Jean d’Aven se plaisait à répéter qu’il n’est pas de plus belle ville au monde que Paris ni de plus beau pays que la France. Après ce tour du monde, il revient au pays natal et maintenant, c’est surtout aux enfants de nos écoles qu’il entend consacrer son talent.
Par un choix judicieux des chansons populaires françaises prises à travers les âges, il compose une séné de spectacles récréatifs, puissamment éducatifs et d’une haute valeur artistique. Barde moderne, il se rend d’école en école, artistement secondé par son épouse. En pédagogue averti, il sait parler aux enfants dans la présentation de son spectacle, il captive vite leur attention, il les charme tant par l’audition de beaux chants que par la vue de costumes appropriés, toujours seyants et hauts en couleurs; tour à tour défilent devant les yeux émerveillés le gentil troubadour, la châtelaine en costume de cour, la Jeanne d’Arc inspirée, le mousquetaire flamboyant, la bergère coquette du 18″ siècle, la vivandière fougueuse, le poilu intrépide. Les enfants sont transportés, ils répètent avec les artistes une chanson vite apprise, et c’est dans le plus vif enthousiasme que s’achève l’audition.
Sans relâche, il améliore son spectacle : il donne une présentation nouvelle, plus accessible aux jeunes auditeurs; à la chanson française à travers les âges, s’ajoute la fête des chansons des provinces de France avec les costumes régionaux. Le spectacle devient à la fois une leçon de chant, une leçon d’histoire et aussi de géographie; c’est un régal pour les yeux et pour l’oreille, c’est un véritable chef-d’œuvre présenté aux écoliers avec art, érudition et esprit, et vivement apprécié du personnel enseignant et des plus hautes autorités de l’enseignement.
Par ses contacts journaliers avec les membres de l’enseignement, Jean d’Aven fut amené à constater que de nombreux maîtres et maîtresses, atteints de maladies des voies respiratoires, ne pouvaient, en raison de la modicité de leurs budgets, se soigner par une cure thermale appropriée. Il s’émut de cette situation et fonda pour les recevoir, le centre d’accueil universitaire du Mont-Dore. Chaque année,
.depuis 1938, 150 curistes universitaires sont hébergés gracieusement dans les cinq chalets qu’il a fait construire, et son esprit généreux songeait sans répit au développement de cette œuvre humanitaire.
Au cours des vacances scolaires, Jean d’Aven retrouve sa Muse et successivement paraissent : Nouvelle discipline — Les filles de France — Les 22 joyaux de l’Helvétie — Le Mont Dore poétique et sauveur — La Bourboule miraculeuse.
Et à sa mort, survenue brusquement le 26 Novembre 1946, alors que, toujours sur la brèche, il organisait des auditions dans les écoles du Midi, il laissait encore des œuvres manuscrites : Figures de France, le Tour du Monde, le Fond immortel, Marie Harry.
Jean d’Aven fut un poète délicat, aux vers bien frappés, empreints de l’amour du pays natal ; ce fut un philanthrope, un vrai Français.
Camarade de combat de Jean d’Aven au 328e
Directeur d’école honoraire.
La Maison du Poète, Centre Universitaire Jean d’Aven Sentier du poète Jean d’Aven, Le Mont Dore (Puy-de-Dôme*